Europalia Roumanie sera une saison qui marquera l'année et sa longue programmation. À Bruxelles Bozar livre une mini rétrospective des travaux du sculpteur Brancusi, le Musée Gallo-Romain de Tongres et le Musée National d'Histoire de Roumanie à Liège ont rassemblé la somme de fouilles faisant le lit de la croisée des différents peuples et civilisations européens qui s'y sont succédés.
Contemporain de Rodin, Brancusi a lui aussi imaginé une Porte, celle du baiser. Celle-ci s'articule en tryptique avec la Colonne sans fin et une Table du silence aux douze convives. Bien entendu, la première image qui vient à l'esprit devant cette colonne sans fin nous renvoie vers l'idée d'un art d'origine africaine, tout comme la taille de ces socles dont le bois contraste avec leur statuaire et nous invite à nous pencher sur l'intérêt début de siècle pour une approche de l'art qui se voudrait décolonialisé. Mais il révèle une profondeur localisable, celle de stèles funéraires votives roumaines. Quelle différence ? L'arbre axial traverse le monde des morts pour rejoindre les cieux. Ce décloisonnement permanent nous empêche de se laisser piéger par toute nostalgie des origines, celle du bon sauvage ou de l'exotisme de bon aloi. Autant de référents culturels nous parviennent de la Grèce laquelle marque d'une empreinte indélébile le pourtour de la mer Noire. À la porte des Enfers coexiste celle d'un baiser aussi insaisissable que le regard d'Orphée. La table du silence contraste tout autant avec l'absence de ses douze dignitaires.
La sélection de Bozar est très succincte, mais elle permet de voyager à travers une série d'oeuvres qui forment une cohérence esthétique entre la proéminence des bronzes dorés et les bustes en pierre polie aux inspirations helléniques. Une exposition un peu chère qui mettra tout le monde d'accord autour de la richesse de cette édition d'Europalia et l'opportunité pour une institution comme Bozar de nous faire profiter de sa sélection.
Photos de l'expositions : https://www.pinterest.com/Antidote02/brancusi